Trophée des Plumes 2021-Je te pardonne
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Trophée des Plumes 2021-Je te pardonne , livre ebook

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Description

Il n’y avait plus que deux heures avant l'atterrissage. Je te regardais et je me sentais plus libre, maintenant que le cauchemar allait prendre fin et que tout reviendrait comme avant. Plus que deux heures ! Me répétais-je sans cesse. Tu semblais calme, plus calme que d’habitude. Ton corps était là juste à côté de moi. Je pouvais de nouveau, pour la première fois depuis 3ans te contempler sans penser aux autres, à elle. Tu me tenais de nouveau la main et je n'étais pas prête de m’en éloigner. Jusqu’à mon dernier souffle avec toi, juste toi...Ton physique de sportif avait fait place à un corps un peu plus ramolli, une peau ridée par endroit et quelques cheveux blancs rebelles qui résistent tant bien que mal à cette teinte noire. C’était évident, tu prenais de l'âge et moi aussi. A ce moment précis, j’avais envie de te crier des tonnes de je t’aime qui n’était plus de mon âge. Oui, Hamed nous n'étions plus de cette époque-là. Ton silence me semblait bénéfique. C’était comme un moment de répit ; ta victoire sur la douleur, la maladie. Je m’occupais à deviner ce à quoi tu pensais quand tout à coup -Chérie je pensais à toi, à moi et à tout ce que je t’ai fait subir. S’il te plait pardonne-moi J’étais ébahie. C’était la première fois Hamed, que tu t’excusais pour tes actes. Je ne m’attendais pas à ça. Pas du tout. J’avais tout imaginé sauf que tu me supplie de te pardonner. -Hamed tu sais, ne te sens pas obligé de…Tu as commis des erreurs, moi aussi.

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Date de parution 18 mai 2021
Nombre de lectures 179
Langue Français

Extrait

Il n’y avait plus que deux heures avant l'atterrissage. Je te regardais et je me sentais plus libre, maintenant que le cauchemar allait prendre fin et que tout reviendrait comme avant. Plus que deux heures ! Me répétais-je sans cesse. Tu semblais calme, plus calme que d’habitude. Ton corps était là juste à côté de moi. Je pouvais de nouveau, pour la première fois depuis 3ans te contempler sans penser aux autres, à elle. Tu me tenais de nouveau la main et je n'étais pas prête de m’en éloigner. Jusqu’à mon dernier souffle avec toi, juste toi...Ton physique de sportif avait fait place à un corps un peu plus ramolli, une peau ridée par endroit et quelques cheveux blancs rebelles qui résistent tant bien que mal à cette teinte noire. C’était évident, tu prenais de l'âge et moi aussi. A ce moment précis, j’avais envie de te crier des tonnes de je t’aime qui n’était plus de mon âge. Oui, Hamed nous ne sommes plus de cette époque-là. Ton silence me semblait bénéfique. C’était comme un moment de répit ; ta victoire sur la douleur, la maladie. Je m’occupais à deviner ce à quoi tu pensais quand tout à coup
-Chérie je pensais à toi, à moi et à tout ce que je t’ai fait subir. S’il te plait pardonne-moi
J’étais ébahie. C’était la première fois Hamed, que tu t’excusais pour ses actes. Je ne m’attendais pas à ça. Pas du tout. J’avais tout imaginé sauf que tu me supplie de te pardonner.
-Hamed tu sais, ne te sens pas obligé de…Tu as commis des erreurs, moi aussi. Je veux juste que tu ailles mieux. On en reparle après ta guérison.
-Roukia, non. Je veux en parler maintenant. Et si je ne guéris pas ? Et si ton pardon était le remède à mon mal ? Hein ? Je veux qu’on en parle s’il te plait je me sens si mal…
Tu te mis alors à sangloter comme un enfant. Toi, qui étais proche de la soixantaine, pleurnichais devant des étrangers. Ceux-ci commençaient déjà à s'intéresser à nous avec leurs yeux interrogateurs. J’étais confuse, exacerbée...
- Hamed, s’il te plaît, maîtrise toi ! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal.- J’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter. Je le mérite et en plus je vais sûrement mourir.
-Que crois-tu alors, que je n’y ai pas pensé ?
***
Cela fait maintenant deux longues années que je me réveille tard la nuit pour penser uniquement à toi, à moi, à nous. S’il y a toujours de nous qui tienne. Un 14 février il y a de cela 20 ans tu m’as juré amour-sincérité –sécurité et surtout fidélité. J’y pense et je pleure. Elles coulent sans retenue, ces silencieux témoins de mon chagrin. Hamed j’y pense et je meurs d’une mort lente et douloureuse. Plongé dans ce coma qu’est ma réalité je me bats, je me débats, je me mens. Tu ne pouvais pas m’avoir fait ça, non ! Notre amour, je le pensais toujours, durerait cent ans si seulement tu m’avais comprise. Ton amour je le voulais débordant et il l’était. Des pas dans la rue à tes côtés me grandissaient, me fortifiaient, m’aveuglaient. La porte n’était pas fermée, pas fermée à clé. Dommage ! J’aurais dû y penser, bien refermer derrière moi pour qu'aucun intrus n’accède à ma maison, à mon bien, à mon mari, à toi. Comme le tsunami, il est rentré le voleur, a pris le bien et refusé de s’en aller. Oui Hamed aucun toit n’est à l’abri de larcin. Mais aucun voleur ne décide de rester dans une propriété qui n’est pas la sienne si ce n’est qu’il a reçu l’autorisation du propriétaire. Tu as ouvert les portes de ma maison à Awa.
Un 05 avril, une foule m’accueillit de mon voyage avec de larges sourires. Je m’imaginai tout sauf l’idée d’une trahison. Moi qui te croyais fidèle et très amoureux…Mais j’ai respecté ta décision non sans douleurs mais je l’ai fait pour toi. Mes amis m’ont traité de tous les noms à chaque fois que je me plaignais de tes longues absences répétées. Et maintenant que j’y pense pourquoi est-ce qu’une femme possessive pouvait faire de tels compromis, me suis-je toujours demandé. La réponse évidente :c’était à cause de l’amour, l’opium de la femme que j’étais. J’avais tellement peur d’affronter le monde avec un statut de divorcée que je me résignai à supporter. Les gens ont parlé, d’autres m’ont traité de faible. Mais ils ignorent tout. Ils ignorent à quel point le fait de recommencer sa vie à zéro sans certitude de lendemain meilleur est pénible. Le passé derrière nous ne cessera jamais d’exister et le futur ne sera jamais un fleuve tranquille pour une femme de la quarantaine divorcée et stérile. Je suis restée pour jouir de ce faux privilège qu’est d’être la première épouse qu’on délaisse. J’ai souffert de ta négligence, de tes affronts, de ta famille et de tes faux-amis.
Mais aujourd’hui, cela n’a plus d’importance puisque tu es parti. Parti, au moment où j’avais le plus besoin de toi. Tant de fois j’ai pensé à te quitter mais jamais je n’aurais imaginé que tu allais le faire une seconde fois. Et ce, pour toujours. Tout tourne dans ma tête ; l’infirmière, le docteur,
le passé, le présent. Je me suis efforcé à tout oublier mais une phrase persiste, insiste et me tourmente.
-Madame, votre mari est décédé…
Je ne te parlerai pas de ma réaction de ce jour et ceux d’après car tu en étais témoin. On dit que quand on meurt on devient spectateur à son propre enterrement, on assiste à tout autour de nous. Je me demande si tu as essayé de me retenir dans ma chute après l’annonce de ton décès. As-tu essayé de me réanimer à l’hôpital ? Ou encore m’as-tu soutenu lorsque Awa et ta famille m’ont interdit d’assister au Doua ? Si oui Hamed qu’as-tu fait ? Dis-le-moi s’il te plait…Fais le moi savoir par un signe. Le vent, la pluie. N’importe quoi mais un signe. Que je suis bête ! les morts ne parlent pas…
Hamed, tu es mort deux fois dans ma vie. La première fois je t’ai vu ressusciter quand tu es revenu vers moi après une longue absence. Mais cette fois-ci tu ne reviendras pas. Deux ans après tu n’es toujours pas revenu. Et, face à cette tombe, à la tienne je m’imagine ton retour d’entre les morts. Mais il en est rien. Je suis venue te dire que je pars. Je vous quitte, toi et cette ville pour un nouveau départ. Je n’ai plus peur de la solitude puisque tu n’es plus là. Awa est revenue à la maison. Elle dit qu’elle a ses droits sur les propriétés. Je lui ai tout laissé. Mais je ne serai tranquille que lorsque je t’aurais dit ce, pourquoi je suis là.
Je te pardonne Hamed ! Où que tu sois actuellement, saches que je ne souffre plus du tout. Mais toi, pardonne-moi de ne pas l'avoir fait plus tôt. On a tous droit au bonheur et lorsqu’on croit tout perdre, c’est alors qu’une lueur se pointe. Le bon est l’ennemi du meilleur et, tout a un prix. Sois heureux d’où tu es et j’en ferai autant.
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