Les Yeux Bleus de l île verte
39 pages
Français

Les Yeux Bleus de l'île verte

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Description

En des temps très anciens...une île où vivent en paix des gens aux yeux noirs et des gens aux yeux bleus... jusqu'au jour où tout bascule sous les coups du racisme et de la haine

Informations

Publié par
Publié le 02 mai 2023
Nombre de lectures 7
EAN13 9791094202005
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Contenu Avant lire Remerciements Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Epilogue Du même auteur Editeur
Avant lire
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L’histoire des Yeux Bleus de l’île verte parle entre les lignes d’une guerre civile au milieu de laquelle j’ai vécu lorsque j’avais 20 ans. Certains faits se sont déroulés sous mes yeux. D’autres sont le fruit de mon imagination et de mon aspiration à voir un monde plus juste sur la Terre.
A l’heure où notre pays traverse lui aussi des instants tragiques et critiques pour la liberté, nous voyons que les thèmes du respect de l’autre et de sa différence (quelle qu’elle soit), le thème de la tolérance et la question : « la démocratie s’applique-t-elle aux ennemis de la démocratie ? » sont des points d’une actualité toujours aussi brûlante.

Marion Haas
Janvier 2015
Nos remerciements chaleureux
à toutes celles et tous ceux qui ont cru en cette aventure et nous ont soutenus à travers le financement participatif sur kisskissbank bank ou la souscription classique

Les souscripteurs bienfaiteurs :

Pascale et Dominique Rouquette, Emmanuèle et Stanislas Cozon,
Valérie Wheeler et Peter Esainko.

Les souscripteurs de la première heure :

Corinne Albert, Danielle Bertrand, Janik et Michèle Boisseau, Simon Burtin, Marie-Ange Castella-Levin, Claude Chiari, Françoise Cozon-Nebout, Thierry et Christine Cozon, Didier Crozet, Robert Curtet, Jean-Pierre Dardaud, Fabienne Delorme-Raffner, Annie-Lou Desirat, Marion Dumonteil, Marie-Christine Favé, Marie Fumery, Marie-Ange Ghesquière, Yvette Guigui, Pierre Haas, Valérie et Philippe Jacquemet, Isabelle Jaquet, Sandrine Josserand, Brigitte Kohl, Nicole Kullmann, Marie Lafarge-Imperti, Delia Lafont, Yann Le Coguic, Francine Leon, Agnès Maurel, Johannes Melsen, Catherine et Jean Moriceau-Lecoq, Huguette Moriceau, Francine et Bruno Muel, Gertie et Jean-Claude Nebout, Thierry Nebout, Marie-Christine Ochoa, Evelyne Panthier, Catherine Parratte, Evelyne Pensa, Rémi Picot, Christine Riba, Marie-Thérèse Ricard, Daniel Rouquette, Guy Roussin, Marie-Laure Schmit-Berbaum, Marie Thizy, Marie-Noëlle Trotignon, Annabelle et Sylvain Wurbel, Catherine Zarcate.
La Ville Rose
Mélanie était une petite fille charmante et joueuse, comme toutes les petites filles de son âge. Elle avait la peau dorée, un joli visage entouré de boucles châtain clair et des yeux comme deux lacs bleus immenses.
Ce jour là, le ciel était si limpide qu’elle décida de monter sur la plus haute colline pour admirer sa ville. Après avoir bien peiné sur les raidillons, elle s’allongea à plat ventre au bord du vide, une grosse marguerite posée devant son nez. « J’adore regarder la ville d’ici », pensa-t-elle alors, « les hommes sont de petites fourmis trottinant dans tous les sens, les maisons sont de petits cubes de couleurs. »
A gauche s’étalait, majestueux et dominant le reste du paysage, le palais rose où les « Yeux Noirs » allaient prier: il était entouré d’arbres et s’ouvrait sur un petit lac artificiel où les amoureux s’offraient de longues promenades en barque, les pêcheurs d’interminables attentes et les petits enfants des plongeons (malgré l’interdiction de leurs parents…).
Plonger dans le lac était à peu près la seule chose que les parents interdisaient à tous les enfants. Après, il y avait d’autres interdictions, variables selon que la famille appartenait aux « Yeux Noirs » ou aux « Yeux Bleus ». Mais Mélanie avait de la chance, ses parents à elle,la laissaient libre d’aller et venir où elle voulait, et même de se baigner dans le lac, à condition de rester au bord et de bien faire attention aux crocodiles.
Les collines qui entouraient la ville étaient couvertes de cocotiers et l’on voyait leurs palmes se balancer doucement dans la brise.
Mélanie ferma les yeux quelques instants pour mieux se pénétrer des odeurs qui l’entouraient. Quand elle les rouvrit son regard se posa sur le marché : une grosse bâtisse, carrée, rose elle aussi. Des marchands de tout et de rien s’agglutinaient autour du bâtiment, espérant profiter du passage important pour vendre leurs produits. En effet, la gare des bus jouxtait la place du marché qui n’était elle-même pas bien éloignée de la gare des trains.
Vu d’en haut, il était presque impossible de distinguer les étals des marchands.
Mélanie joua à se les rappeler : ici, l’allée des marchands de tissu avec, en face, les marchands de porcelaine ; à angle droit, les potiers ; plus loin, les marchands de fruits : les mangues, les ananas, les oranges… se côtoyant en petits tas bien rangés ; de l’autre côté (sur les marches montant au marché couvert) les vendeurs de légumes étaient tolérés. Le marché couvert, enfin, était réservé aux Yeux Noirs et demeurait par conséquent mystérieux pour elle.
Elle se mit à saliver en pensant à tous ces trésors comestibles amoncelés et d’autant plus quand elle aperçut la rue de l’Horloge (la rue où son ami le pâtissier avait son échoppe). Elle se débrouillait toujours pour passer devant chez lui au moins une fois par jour. Et hop ! un petit crochet en rentrant de l’école… un autre en allant au marché… un troisième en partant se baigner…
Le pâtissier devait avoir tout au plus vingt ans, et les mimiques de ce petit bout de femme trois fois moins âgée que lui le faisaient littéralement mourir de rire.

Mélanie en repartait toujours la bouche pleine : un petit bout de guimauve par-ci, un autre de nougat par-là, ou encore une part de gâteau ou de brioche. Mélanie était vraiment la préférée du pâtissier !
Ses parents lui reprochaient souvent d’y perdre son temps ; surtout, ils n’étaient pas très contents qu’elle aille chez les Yeux Noirs. Ce n’était pas que ses parents n’aimaient pas les Yeux Noirs, en fait ils avaient surtout peur de ce que diraient leurs voisins s’ils apprenaient que leur fille s’approvisionnait ailleurs que chez les Yeux Bleus.
Mélanie ne comprenait pas pourquoi les Yeux Bleus en voulaient aux Yeux Noirs, et pourquoi les Yeux Noirs en voulaient aux Yeux Bleus. Cela remontait, semblait-il, aux temps anciens. Les Yeux Noirs disaient qu’ils étaient les maîtres de la ville car ils étaient arrivés les premiers. Les Yeux Bleus prétendaient l’inverse. Enfin, tout cela était bien compliqué et Mélanie trouvait que c’était ridicule, que les Yeux Bleus n’étaient pas plus gentils que les Yeux Noirs, ni le contraire.
A l’école, Mélanie avait autant d’amis d’un côté que de l’autre… et son meilleur ami, c’était vraiment le beau pâtissier aux yeux de jais. Mais il est vrai qu’à l’école on ne parlait ni Bleu ni Noir mais Rouge, une langue très différente qui permettait à tous de se comprendre.
Pourtant, Mélanie avait entendu dire par les grands que son école était une exception et qu’ailleurs il fallait parler Bleu ou Noir pour être admis.
Chauffée par les rayons du soleil, Mélanie ronronnait comme un gros chat et s’étirait à qui mieux mieux. Elle était heureuse, là-haut, contemplant sa belle ville, telle une reine juchée sur sa forteresse.
Soudain, elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna … et quelle ne fut pas sa surprise d’apercevoir son ami le pâtissier !

Elle n’eut même pas le temps de lui offrir son plus beau sourire. Le pâtissier, avec un air grave comme elle ne lui avait jamais vu, lui annonça tout à trac :
« Mélanie, je t’ai vue passer tout à l’heure et prendre le chemin des chèvres; j’ai bien pensé que tu serais ici. Tu dois partir, quitter la ville, courir te cacher dans les montagnes. Il va se passer des choses terribles. Tout à l’heure, le ferronnier et le fripier sont venus prendre le thé dans ma boutique. Je les entendais parler : ils disaient que des Yeux Noirs avaient été attaqués quelque part dans le pays, que l’heure de la vengeance avait sonné, qu’ils étaient prêts à donner une leçon à ces « maudits Yeux Bleus » et que d’autres étaient prêts aussi. Partout dans la ville des groupes se forment; quand ils seront assez nombreux pour être lâches, ils se lanceront à l’assaut des Yeux Bleus. Pars vite, petite fille, pars vite avant qu’il ne soit trop tard… »
« Mais… et mes parents ?… »
« J’essayerai de les sauver, de les cacher quelque part… Je ferai tout mon possible… mais toi, hâte-toi, cours vite vers la montagne. Tiens, je t’ai apporté quelques gâteaux pour manger si tu as faim. Il faudra peut-être que tu restes cachée longtemps, tu sais. »
« Merci. »
Ce petit mot, c’est tout ce qu’elle était arrivée à articuler…
Mélanie s’était levée, deux grosses larmes posées au creux de ses grands yeux bleus. Son ami la serra dans ses bras et elle partit en courant.
Quelques instants plus tard, elle se retourna pour jeter un dernier regard à sa ville, en pensant qu’elle ne reviendrait peut être jamais. Et là, un spectacle incroyable s’offrit à ses yeux : des bandes excitées couraient en tous sens, pillant les maisons et les magasins. De grandes flammes s’élevaient de part en part, entourées d’une épaisse fumée noirâtre.
La paisible ville rose était devenue une succursale de l’enfer.

De toutes ses forces, Mélanie chercha à localiser sa maison. Ce qu’elle vit fut effroyable : la maison était toute mangée de l’intérieur par les flammes ; à travers les trous des fenêtres, on voyait le feu rouge et jaune qui dansait, moqueur, brûlant tout sur son passage. Tout à coup, la maison sembla se raidir dans un dernier effort puis elle s’affaissa sur elle-même, comme au ralenti, étage après étage, jusqu’à n’être plus qu’un tas de gravats fumants jonchant le sol.
Mélanie ne put réprimer un cri devant une chose tellement monstrueuse : «  pourquoi ? pourquoi ?  »
Elle prit ses jambes à son cou et se mit à courir bien vite vers les montagnes et la forêt. Son cœur était gros de chagrin en pensant à tout le mal que le ferronnier et sa bande étaient en train de faire à sa ville, aux Yeux Bleus, à sa maison, à ses parents, à ses amis…

Mélanie courait, courait, courait. La végétation de la vallée avait fa

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